SUMMER OF SAM

USA, réalisé par Spike Lee, durée 2h 22
avec John Leguizamo, Mira Sorvino, Adrien Brody...
sorti le 5 janvier 2000
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Même si Spike LEE ne délaisse pas pour autant ses chevaux de bataille coutumiers (dénonciation de l'intolérance, du machisme et de la connerie humaine en générale), c'est bien à une reconstitution d'une époque qu'il nous convie. Bande son impeccable, chemise à col pelle à tarte, aux coloris à hurler, les boîtes mythiques (on passe à côté du Studio 54), libération sexuelle (on pénètre, et je pèse mes mots, dans un club échangiste, mais là je reste poli)... le film fait penser à Boogie Night. D'autant plus que Spike LEE utilise la même technique des plans tournés à la steady cam pour retranscrire l'effervescence des nuits disco...

Le disco est à alors à son apogée, mais déjà un parfum de décadence flotte dans l'air du temps. La vague punk commence déjà à former ses rouleaux. Cela nous vaut une confrontation cocasse entre Vinnie, John LEGUIZAMO (Roméo+Juliette, Spawn... l'un des acteurs les plus doués de sa génération, comme on dit dans la "profession"), tendance Saturday Night Fever, et Richie à la coiffure version Statue de la Liberté, , (un nouveau venu qui gravit les échelons du succès, deux banalités dans la même phrase, je suis vraiment trop fort). Le premier se considère comme normal, car sapé selon la mode, et n'arrive pas à comprendre les explications du deuxième. Le collier de chien autour du cou symbolise celui que nous fait porter la société depuis notre naissance. On le voit en plus d'être humoristique, cette séquence sert les propos du réalisateur, se conformer à un moule amène automatiquement à repousser la différence.

C'est d'autant plus efficace, que Spike LEE se refuse à prendre partie. Il capte les moeurs des nightclubbers en strass et des antisociaux destroy avec une même précision documentaire. La bande son mêle habilement standards disco et des morceaux des WHO, avec une adéquation des plus rares. Ainsi, lorsque les époux Mira SORVINO et John LEGUIZAMO, sortis d'une expérience désastreuse d'échangisme, s'engueulent en utilisant un langage très brutal, c'est ABBA qu'on entend. Il faut par ailleurs saluer la prestation de Jennifer ESPOSITO (Spin City), en chanteuse punk, qui irradie d'une énergie communicante.

Les assassinats du tueur en série viennent implacablement rythmer cette chronique quotidienne. Filmer sans esbroufe, sans effets de caméra, le cri des victimes, les détonations, le sang qui gicle et les vitres des voitures explosées suffisent pour refroidir l'assistance. Surtout qu'après ça le tueur s'en va à petits pas empotés, une ombre dans l'obscurité, on dirait un gamin un peu paumé. GLAGLA !!!

Et enfin, pour ne rien gâcher, il y a des petits détails qui sont magnifiques. Ainsi lorsque Mira SORVINO et John LEGUIZAMO arrivent sur la piste de danse surpeuplée pour se défoncer, dès qu'ils se mettent à exécuter leurs figures groovy, ils se retrouvent le plan suivant seuls dans la discothèque. La piste est à eux. Ils entrent ainsi en communion.

C'est l'amour, dès qu'ils sont ensembles plus rien ne compte que leur conjoint, tout ce qui les entoure disparaît, (le monde ne leur suffit plus, donc). J'ai trouvé ça très beau. Et c'est en plus une très belle idée de cinéma, car le cinéma c'est exprimé visuellement une idée. Du moins normalement, car l'influence néfaste de la télévision nous inflige de plus en plus souvent des mètres et des mètres de pellicule de bavardages inutiles, avec le visage de l'interlocuteur filmé en gros plan...

De plus Spike LEE fait une apparition dans le rôle d'un journaliste télé flegmatique, décrivant les événements extérieurs au cercle des personnages au fur et à mesure du déroulement de l'intrigue. Cela rejoint directement, non mais sans rire, le John WOO d'A Toute Epreuve (la claque que je me suis prise quand je les vu, mais passons). John (je l'appelle John parce qu'on a le même nom, on est presque frère, et en plus on a la même chemise) en incarnant un barman, meilleur ami de Chow Yun FAT, lui prodigue quelques conseils. Il ne fait rien de moins que lui dicter les lignes de scénario. C'est magnifique, grandiose comme dirait Wicked Rider (NDWR : argh, putain ! J'vais lui faire payer des droits d'auteur !!!), et retrouver la même idée suffit à mon sens à faire dresser Spike LEE au pinacle !

D'ailleurs si on y réfléchit bien, Mira SORVINO a joué avec Chow Yun FAT dans The Replacement Killers. Et puis dans Roméo+Juliette John LEGUIZAMO fait rien qu'à adopter la "John WOO attitude"... Ouh la !!! Je m'emporte... Mais aussi... comment voulez-vous que je ne parte pas dans le trip Hong Kong avec un type qui s'appelle LEE !!!

Bon ben alors, vous êtes encore connectés !!! Vous allez me faire le plaisir de vous débrancher tout de suite et de partir vous mater ce film, nom de nom !